Le burn-in, une bombe à retardement ?
Tandis que les manifestations du burn-out commencent à être mieux identifiées et prises en charge par l’entreprise et par le corps médical, sa phase préliminaire, beaucoup moins détectable, appelée burn-in, fait l’objet d’attentions scientifiques insistantes. Le burn-in est sans aucun doute l’étape annonciatrice du burn-out est donc une clé pour mieux comprendre le déclenchement de ce mal être qui va progressivement paralyser tout le corps et consumer son énergie jusqu’à l’implosion finale, c’est-à-dire le burn-out, ce moment fatidique où le corps et l’esprit épuisés s’effondrent.
Ce burn-in, théorisé par le psychologue américain Cary Cooper, marque en réalité le point de départ d’un long processus de dégradation aveugle, qui a cependant des manifestations symptômatiques visibles.
Le burn-in, la phase d’enclenchement
Le burn-in est la phase d’enclenchement et de développement d’un processus de dégradation générale qui va atteindre le physique et le mental de la personne. Devant une pression professionnelle importante, l’individu va se mettre à dysfonctionner : il va enclencher un processus d’intériorisation du stress, et au lieu de se ménager des moments de recul et de réflexion, va se jeter corps et âme dans une suractivité (parfois totalement improductive) qui va auto-générer du stress. Il va s’imbiber de sentiments complexes : frustration, dévalorisation, culpabilité, déflation de l’estime de soi…
C’est une période de déni où la personne trouvera tous les prétextes pour ne pas parler et pour justifier tous les dysfonctionnements et les signaux que son corps et son esprit lui envoient pourtant (des douleurs physiques, des céphalées, une hyper-tension, une fatigue…).
Le présentéisme, un symptôme alarmant ?
La manifestation la plus évidente d’un burn-in qui s’est enclenché, c’est ce qu’on appelle en psychologie le présentéisme. De nature pathologique, il va insidieusement vous empêcher de fonctionner et de penser rationnellement, vous faire accorder une importance démesurée à vos dossiers, aux réunions, vous faire rester tard au bureau, brouiller la sphère privée avec la sphère professionnelle. Progressivement, et parfois de manière presque grisante, les maladies (rhume, grippe, hypertensions, allergies et des pathologies plus graves) passent au second plan, et ne sont plus des raisons suffisantes pour se reposer et s’accorder une pause. L’individu perd le sens des limites, se met à faire des heures supplémentaires non rémunérées en justifiant leur nécessité de manière complètement irrationnelle et surinvestit le champ professionnel jusqu’à s’anéantir complètement.
Désamorcer le retardateur
Ce processus de dégradation c’est un peu le retardateur qui rend l’implosion inévitable mais aussi très douloureuse pour l’entourage. Bien souvent ils sont conscients du caractère anormal de ce surinvestissement mais se retrouvent comme désemparés devant le bouton d’alarme.
Il existe cependant des mesures simples à prendre pour éviter le burn-in :
- fixer des limites temporelles claires à son travail et ne pas y déroger (être vigilant et même intransigeant sur ce point surtout si l’on est de nature sensible au stress) ;
- apprendre à relativiser et à lâcher prise ;
- se ménager de vrais moment de déconnexion ;
- éteindre son téléphone en dehors de son lieu de travail ;
- pratiquer une activité sportive régulière ;
- parler dès que l’on rencontre une difficulté sur son lieu de travail ;
- mettre en place des moments de repos ou de relaxation dans la journée quand le stress commence à être trop important pour se protéger de ses effets néfastes.
Tous ces conseils simples font appel au bon sens mais c’est justement ce qui fait défaut lorsque le processus du burn-in s’enclenche. C’est à ce moment précis que l’entourage doit intervenir pour rappeler sans cesse le bien-fondé de ces pratiques et les encourager !
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