Le syndrome de l’imposteur, quesaco ?
Le syndrome de l’imposteur, qu’on appelle aussi le syndrome de l’autodidacte, est une pathologie complexe et pourtant assez répandue qui empêche la personne d’apprécier et de valoriser ses compétences mais la pousse au contraire à douter d’elle-même de manière maladive, à se dénigrer et à déprécier ses qualités.
Dans la manifestation la plus spectaculaire de ce syndrome, la personne en situation de réussite, se retrouve dans l’incapacité totale de s’attribuer le mérite d’une telle victoire et invoque d’autres raisons extérieures pour justifier cette réussite. Cette personne se sent donc en permanence l’usurpatrice de cette réussite et développe ainsi une peur obsessionnelle d’être démasquée.
Entre anxiété sociale et mauvaise estime de soi
C’est un mal-être qui naît premièrement d’une mauvaise estime de soi et deuxièmement d’une confusion entre ce qu’on pense de soi et ce que les autres pensent de vous. Parce que l’on a l’impression de ne pas être à la hauteur, on projette cette pensée dépréciative sur celles des autres et par un effet ”boomerang”, on se sent soudain suspecté de la pire des incompétences.
Même si tout cela n’est qu’une mauvaise interprétation, elle conduit bien souvent l’individu à mettre en place des stratégies alambiquées de défense (overdoing et underdoing) qui le fragilisent et le décrédibilisent aux yeux des autres qui finissent bien souvent par le dénigrer. C’est une sorte de maladie perverse qui crée de toute pièce une pensée qui n’existe pas, qu’elle entretient et qui la fait atrocement souffrir. En situation de masochisme intellectuel, la personne ne se laisse donc aucune chance d’échapper à cette image erronée d’elle-même.
C’est, pour cette raison, une pathologie physiquement éprouvante car génératrice de stress et qui aboutit très souvent à un autre syndrome, celui de l’épuisement professionnel dont le burn-out est la manifestation la plus spectaculaire.
Un travail en profondeur pour sortir de cette spirale destructrice
Le travail avec une personne atteinte de cette pathologie va donc se concentrer sur l’origine profonde du mal : la mauvaise estime de soi. Celle-ci peut venir de la petite enfance, du système éducatif ou de l’univers professionnel et même si on ne la répare pas d’un coup de baguette magique, le premier travail consiste à relativiser ces pensées dépréciatives en s’interrogeant sur l’origine de ce sentiment. Une fois que le travail de désappropriation des formules dépréciatives négatives (”Je ne vaux rien, je suis nul », etc..) est enclenché, alors on peut essayer de s’approprier des formules moins dépréciatives et plus positives qui évitent de douter maladivement, et qui permettent à l’individu de démarrer une dynamique constructive.
Ainsi par exemple, ”Je ne suis pas à la hauteur” peut devenir ”Comment faire pour atteindre cet objectif et qui pourrait m’y aider ?”. De cette manière, et en se fixant des objectifs réalistes et en acceptant l’aide d’autrui, l’individu accepte aussi le regard de l’autre tel qu’il est, sans le transformer. Pour une personne atteinte de cette pathologie, travailler avec une autre personne n’est pas forcément quelque chose d’évident au départ mais une bonne prise en charge permet d’y parvenir plus facilement qu’on ne le croît.
Crédit photo : Flickr / Thomas Linet