Le burn-out en questions
Ils sont de plus en plus nombreux à craquer, sans n’avoir rien vu venir. Aujourd’hui, 7 à 10% des Français* seraient concernés par le burn-out. Si l’épuisement professionnel peut avoir des conséquences dramatiques, il est malgré tout possible de s’en prémunir.
Le burn-out, c’est quoi au juste ?
Un épuisement professionnel, qui peut aller jusqu’à l’anéantissement total. Ceux qui le subissent se sentent « vidés », « tétanisés », comme littéralement « cramés de l’intérieur ». Un trop plein, qui va se matérialiser par un effondrement physique et mental.
Pourquoi le burn-out survient-il ?
Véritable mal contemporain, la pathologie trouve son origine dans l’organisation même du travail moderne. Depuis les années 2000, les 35 heures impliquent que les salariés d’une entreprise doivent faire plus vite, avec moins de moyens. Dans les sociétés occidentales, les temps sociaux s’entrelacent. La vie professionnelle empiète de toute part sur la vie privée, le travail devient tout puissant, jusqu’à dévorer tous les autres pans de la vie. La pression est énorme. On se doit d’être « disponible », « connecté », « joignable » et « réactif », à toute heure, sans discontinuité. Les cadres sont d’ailleurs plus exposés à ce surmenage intense : ils continuent à travailler le soir et les week-ends sur leurs dossiers, depuis leur domicile ou reçoivent des mails le dimanche. Le temps consacré à se ressourcer, en se déconnectant totalement du travail se fait rare.
Les personnes qui craquent sont généralement d’excellents professionnels, consciencieux, enthousiastes, créatifs, ambitieux, disposant d’une force de travail remarquable, endurants au mal. Ils ne se plaignent jamais… Et ne savent généralement pas dire « non » et ont du mal à reconnaitre leurs propres besoins.
Comment le burn-out se manifeste-t-il ?
- Par un épuisement
Le premier signe à surgir est bien souvent une fatigue extrême, souvent imputable à un trouble du sommeil. Des douleurs squeletto-musculaires pourront aussi faire leurs apparitions. La fatigue physique pourra s’accompagner d’un épuisement intellectuel, caractérisé par des troubles de la mémoire, de la concentration, ou une tendance de plus en plus régulière à la procrastination. Ces signes deviennent permanents : ils ne disparaissent ni avec le week-end, ni même en vacances. Le travailleur va alors entrer dans un cercle vicieux, cherchant à compenser le manque d’efficacité dû à l’épuisement par une hyperactivité.
- Par la déshumanisation
L’épuisement s’accompagnera d’une deshumanisation de la personne. Elle perd son empathie, devient cynique, agressive, ou hypersensible. Son comportement va changer, elle pourra chercher à s’isoler, ou même avoir des tendances addictives.
- La perte du sens de la réalité professionnelle
Celui qui aimait son travail va progressivement perdre son enthousiasme, et la satisfaction qu’il en tirait. Le doute va s’immiscer, ainsi que la perte de confiance en soi, et en ce que l’on fait. Le stress devient négatif, il devient impossible de se déconnecter de l’univers professionnel.
Comment éviter le burn-out de ses employés ?
La mise à plat de l’organisation du travail est la première des choses à faire. Il s’agit de bien redéfinir les objectifs à atteindre, les moyens d’y parvenir, ainsi que les modes d’évaluation du travail accompli. Cette redéfinition doit être soumise à discussion, et se décider en concertation. Cela signifie que les dirigeants doivent se remettre en question, et accepter que leurs employés aient besoin, pour leur bien-être comme pour leur productivité, de temps de récupération durant lesquels ils « coupent » complètement avec l’entreprise.
De même que, plus la considération pour ses collaborateurs sera importante, moins les risques de les voir craquer seront nombreux. La reconnaissance doit tenir une place primordiale au sein de l’entreprise ou du service : le collaborateur valorisé pourra ainsi donner du sens à ce qu’il fait.
Comment se soigner du burn-out ?
Lorsque les signes n’ont pas su être écoutés, que les risques n’ont pas pu être écartés, et que le burn-out est bel et bien là, le temps de récupération pourra être très long : 6 mois d’arrêt maladie minimum. Sans parler de ceux qui ne reprendront jamais leur travail. Il sera alors indispensable de se faire aider. De ses proches, qui sont généralement ceux qui décèlent les signes. Et de son médecin traitant, qui indiquera une marche à suivre : le plus souvent, il dirigera le patient vers un psychologue comportementaliste, avec qui le malade apprendra à se recentrer sur le sens et l’intérêt de son métier, sur ses valeurs, et sur la place que sa profession doit occuper dans sa vie.
Mais le mieux reste tout de même la prévention, pour éviter d’en arriver à l’épuisement professionnel intense : pour cela, rien de mieux que de s’écouter, apprendre à connaitre ses limites, et savoir les accepter. Certains maux sont loin d’être anodins, il est primordial de les prendre en considération.
* D’après Jean-Claude Delgènes, directeur de Technologia, un cabinet spécialisé dans la prévention et l’évaluation de ces risques psychosociaux
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