Se dire bonjour

Se dire bonjour
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« Nous sommes du même sang, vous et moi. »

Kipling, quand il écrit le Livre de la Jungle, nous résume en une phrase l’essence d’un vrai bonjour : reconnaître l’interlocuteur, créer un vrai lien. On imagine Mowgli concentré, le regard clair, droit, face à Baloo.

On peut ressentir la même impression lorsqu’on visite une usine, quand on serre les mains de chaque opérateur que l’on croise : pour ceux qui l’ont expérimenté, il y a là une manière de se dire un bonjour sérieux, vrai, comme l’univers industriel auquel il appartient. Dans ce serrement de mains, il n’y a pas qu’une routine, un signe de politesse, une tradition de l’usine. Il y a aussi le signe de l’hospitalité : vous me dites « bonjour » et moi je vous dis « bienvenue, vous êtes sur ma ligne, ma machine, je vous accueille. » L’opérateur et le visiteur ont tous les deux besoin de ce bonjour. Pour chacun, serrer la main veut dire « vous existez, vous n’êtes pas transparent, pas juste une ressource humaine ».

Quand on se connait, le « bonjour » va de pair, implicitement, avec un « comment ça va ? » D’ailleurs, en chinois, on ne dit pas « bonjour », on dit « comment ça va ? «. Mais justement, c’est ce complément implicite qui peut poser quelques difficultés en ces temps de stress au travail : à la lecture des premiers paragraphes, certains collaborateurs et managers me rétorqueront « en usine, le bonjour est inoffensif, sans danger, il ne dure que le temps de se croiser.

Par contre, il y a des bonjours dangereux, qu’il vaudrait mieux ne pas donner. Parce qu’implicitement, il y le « comment ça va ? » qui va avec, qui est la porte ouverte à « ça va pas du tout » et dans ces cas-là, il vaut mieux ne pas dire bonjour.

Ou alors par mail, alors que l’interlocuteur est à 10 mètres. C’est vrai, ils peuvent avoir raison, certains « bonjour » sont des bombes à retardement si l’on n’est pas à ce moment-là disponible vis à vis de quelqu’un que l’on sait aller mal.

Pourtant, ignorer complètement la personne risque d’être un remède pire que le mal. Comme l’entreprise est un lieu générateur d’émotions, mieux vaut peut-être se préparer à les accepter, les accueillir, pour sortir des situations émotionnelles par le haut.

Le « bonjour » existe depuis la nuit des temps, il est aussi indispensable et essentiel à la vie en société que l’eau à la vie, c’est le premier mot de l’échange. On dit bonjour quand on entre dans une boulangerie, quand on appelle au téléphone, quand on croise son voisin de palier. On dit au moins dix mille fois bonjour dans sa vie.

Le moment d’anthologie où Jean-Paul Belmondo apprend à dire « bonjour » à Richard Anconina est gravé dans notre mémoire collective.

Au travail, une bonne journée commence par un bon « bonjour », pas seulement vers les personnes avec qui vous travaillez quotidiennement, mais aussi sur le parking, dans le hall, l’ascenseur. Des vrais bonjours, pas des bonjour-colère, des bonjour-tristesse, des bonjour-indifférence, des bonjour-transparence.

Un vrai bonjour est un petit rien qui peut beaucoup pour le bien-être au travail.

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A propos de l'auteur

Thierry Bourgeon http://www.symbiosis-consultants.net/
Thierry BOURGEON s’est retrouvé presque par hasard à travailler en entreprise. Son rêve était d’être photographe : observer, créer, faire plaisir aussi. Ce sont ces moteurs qui le font agir aujourd’hui dans son métier de consultant. Après HEC, loin d’être dans les starting-blocks pour suivre une voie royale dans une grande entreprise, il s’immerge dans l’étude du chinois, puis part deux ans dans le Pacifique « faire son service ». Il en garde un goût pour la découverte d’autres cultures. En 1977, Il trouve sa voie professionnelle dans un cabinet de consultants qui pratique la créativité à haute dose alliée à la rigueur et à l’exigence. Depuis cette découverte, il invente de nouvelles manières de former, de faire un diagnostic, de donner envie à une équipe et une entreprise de se transformer, de construire. Il crée SYMBIOSIS-Consultants en 1986, avec la volonté de conjuguer créativité, plaisir au travail, rigueur. Progressivement, aidé de l’arrivée de deux associés, il développe une vision : aider les collaborateurs à « être bien dans leurs baskets », à l’aise dans la pratique de leur métier, dans leur équipe, leur entreprise. On n’est pas loin de la qualité de vie au travail ! Ce qui le fait courir, c’est sa foi en l’homme, sa foi en Dieu.

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