Petite leçon de bonheur au travail à la danoise
Comme l’a confirmé l’année passée le rapport des Nations-Unies sur le bonheur, les danois sont, pour la deuxième année consécutive, les gens les plus heureux au monde !
Avec un taux de chômage d’environ 4,9 % , un taux de pauvreté n’excédant pas 12 % et une protection sociale qui représente 30,7 % de son PIB, le Danemark fait figure d’enfant modèle au sein de l’Union Européenne et les danois semblent conscients de leur chance puisque 85 % des personnes interrogées se sentent en sécurité dans les rues le soir.
Quel est le secret de cette ”dolce vita” à la danoise ? Comment font-ils pour se sentir si heureux au travail ?
La loi de Jante : respect, égalité et humilité
Ce qui a l’air naturel au Danemark est en réalité le fruit d’un code de conduite profondément ancré dans la mentalité danoise. Ce code de conduite composé de 10 commandements a été rédigé par un écrivain danois Aksel Sandemose en 1933 dans un roman intitulé ”Un réfugié sans limites” dans le but de représenter le code moral implicitement accepté par tous au sein de petite ville d’origine située dans le Jutland.
Voici, pour vous donner une idée, les trois premiers commandements de ce code :
- Tu ne dois pas croire que tu es quelqu’un de spécial.
- Tu ne dois pas croire que tu vaux autant que nous.
- Tu ne dois pas croire que tu es plus malin que nous.
La liste se poursuit jusqu’à ”tu ne dois pas croire que tu peux nous apprendre quelque chose”. Cette loi de Jante, que l’on retrouve dans l’ensemble de la Scandinavie, permet de mieux comprendre cet égalitarisme quasi-spontané qui imprègne aujourd’hui la culture scandinave. Fondée sur le respect et l’humilité, la culture danoise pousse les individus à s’accepter tels qu’ils sont et avec ce qu’ils ont sans vouloir s’imposer sur autrui ni posséder le bien d’autrui. C’est aussi ce qui explique que, dès l’école, l’accent n’est pas mis sur l’individu et la compétitivité qui dans ce contexte n’a aucun sens. C’est la collectivité qui marque la norme et la référence. Dans le monde du travail, le groupe prime également sur l’individu, pas besoin de se surpasser pour impressionner ses collègues, il suffit de faire son travail et d’apporter sa pierre à l’édifice.
Vu de cette manière, le stress, la pression, la brimade ou les horaires illimités n’ont pas leur place dans l’entreprise danoise.
Une parité exemplaire, un système social avantageux
Voilà qui nous amène à l’autre raison du bonheur au travail des danois : l’égalité hommes/femmes est aussi de mise dans le monde du travail. Avec un taux d’emploi des femmes à 70,4 %, le Danemark peut se targuer d’avoir fait progressé la parité beaucoup mieux qu’ailleurs en Europe. Les danois peuvent se vanter d’avoir un système paritaire qui permet aux femmes d’occuper des positions hiérarchiques élevées. Ils disposent également d’un système social avantageux qui leur permet de profiter de jours de congés rémunérés lorsque leurs enfants sont malades, d’ allocations familiales généreuses et d’un congé parental long et flexible qui leur permet de continuer à procréer sans crainte pour leur salaire ni pour leur carrière. En cas de naissance, le congé parental est d’un total de 52 semaines réparties entre le père et la mère. Le salaire est maintenu quasi-intégralement et le choix est laissé au libre arbitre des parents qui peuvent même étaler ce congé parental jusqu’au 9 ans de l’enfant. Cette disposition leur laisse une très grande souplesse pour organiser leur vie et leur travail. D’autant que le Danemark est aussi l’un des pays qui garantit à tous les enfants une place dans une structure d’accueil dès les 6 mois de l’enfant jusqu’à son entrée à l’école. Les danois ne connaissent ni les soucis de garde pour leurs enfants, ni les blocages de carrière à la suite de naissances enchaînées. Cette sécurité que l’Etat danois leur offre est aussi une raison qui explique la forte confiance des danois dans leurs institutions et le respect des règles sociales. C’est un peu un donnant-donnant et elle peut aussi expliquer ce sentiment de bien-être et de bonheur ressenti par les danois.
Un bon équilibre vie professionnelle et vie familiale
Le troisième élément crucial, et conséquence indirecte des deux premiers éléments pour expliquer le bien-être des danois, le Danemark est le pays qui respecte le plus l’équilibre vie professionnelle et vie privée.
Avec 1559 heures travaillées par an (la durée moyenne OCDE s’élevant à 1749 heures), les danois consacrent seulement 68% de leur temps au travail, ce qui laisse la part belle aux activités de loisirs et à la la vie de famille.
Les danois sont effectivement très attachés à la vie de famille et aux traditions, partager du temps avec ses enfants est important et des temps de loisirs sont aménagés pour passer du temps avec eux. De même au-delà de l’individu social qui travaille, il y a aussi une personne qui a besoin de s’épanouir, tous les danois consacrent du temps à ces activités d’épanouissement : du sport, l’apprentissage d’une langue, des activités manuelles ou artistiques, la pêche ou la chasse, chacun a son hobby auquel il est très attaché.
En plus de cette durée de travail avantageuse, les conditions de travail sont parmi les plus flexibles d’Europe et le télétravail est une option facilement envisageable pour les entreprises danoises qui voient dans le bien-être de leurs collaborateurs une condition nécessaire de la performance de l’entreprise.
Le travail est décomposé en tâches qu’il faut accomplir, on arrive donc à l’heure pour les commencer mais on ne déborde pas pour les finir, ce caractère extrêmement rationnel permet aux danois de ne jamais se laisser déborder et d’avoir une relation très disciplinée et très saine à leur au travail.
La recette du bonheur à la danoise est peut-être là , la simplicité de l’organisation alliée à un caractère extrêmement discipliné et équilibré au travail qui permettent de donner à la vie sa véritable saveur : douce et agréable.
Source de l’image à la Une : Flickr (City Clock Magazine)
Il nous reste un chemin quasi inaccessible pour espérer en arriver à ce fonctionnement
La vie c’est comme la bicyclette, il faut pédaler pour ne pas perdre l’equilibre. Albert Einstein
Une autre différence entre le Danemark et les autres pays est que la société est plus féminine en général, c’est-à-dire plus portée sur les émotions/relations que sur l’égo/l’avoir. Changer le système, c’est assez complexe, alors pourquoi ne pas se changer soi pour commencer…