Cœur, tripes, tête : la martingale de KIABI Italie pour aller vers le bonheur au travail
Une interview de Nicolas HENNON (DG de KIABI en Italie) et Elisa DONNINI (responsable formation et communication interne)
On est en Italie, en 2010, il se passe quoi ?
Nicolas : Le pays est en difficulté, nous sommes dans un contexte de crise économique. KIABI subit cette crise de plein fouet, le business model n’est plus adapté. Les conséquences sur les résultats et sur la confiance des collaborateurs s’en fait ressentir fortement. Or KIABI peut jouer une vraie carte en Italie. Pour sortir de la crise, on a besoin de beaucoup d’idées, beaucoup de puissance. Notre première action va consister à impliquer les collaborateurs dans la définition d’un nouveau business model : cinquante personnes venant de tous les métiers travaillent ensemble en pyramide inversée pendant deux jours et construisent les fondations d’un business model avec une vision dont le moteur est rendre heureux et acteur chaque collaborateur.
En 2010, vous avez défini votre vision, quels sont les premiers pas, quel chemin tracez-vous ?
Elisa : Il faut d’abord libérer la parole. On décide d’organiser une première réunion où on pose seulement deux questions : « Comment allez-vous ? Comment vivez-vous les valeurs de l’entreprise ? » C’est le début de nos journées « Kiascolta ? » qui ont lieu depuis quatre ans et vont continuer encore longtemps. Ces journées ont été fondatrices, elles nous portent aujourd’hui parce que le collaborateur qui y participe se sent plus humain et se met en mouvement.
Nicolas : Dès le début, la finalité a été claire: permettre à chaque collaborateur d’être heureux et de pouvoir prendre ses décisions dans son périmètre de responsabilité parce qu’il se sent en confiance, qu’il sait où il va.
Vous insistez sur les croyances ?
Nicolas : Pour que nos collaborateurs puissent aller vers le bonheur, l’évolution passe d’abord par le cœur et les tripes, pas par la tête. À KIABI Italie, notre priorité depuis 2010 est de mettre la confiance partout, avant de mettre en place des processus ou de changer de structure. Il faut éliminer les croyances qui nous freinent et faire émerger ou renforcer celles qui libèrent l’énergie, qui donnent de la vitesse, installer un nouveau paradigme. C’est un changement très profond, qui va nous prendre dix ans, peut-être quinze. Quatre ans plus tard, une bonne partie des gens est heureuse, y voit clair. Il reste à avancer sur l’auto-responsabilisation des 650 collaborateurs.
Depuis 2010, vous avez structuré la démarche.
Elisa : Au début, on ne savait pas où on allait. Nous avons donné un nom à la démarche il y a un an seulement. Il est venu tout seul : libération. La libération passe par trois volets complémentaires :
- nourrir notre environnement, y mettre de la couleur au sens propre et au sens figuré,
- partager le cap et les priorités business, communiquer sur la feuille de route du business model,
- avancer vers le self-management.
Cette année, toujours en pyramide inversée, on a fait émerger avec nos collaborateurs les valeurs qui constituent la « Culture Humaine » de Kiabi en Italie. On a formalisé nos croyances.
J’ai l’impression que c’est presque facile…
Nicolas : Bien-sûr que non. La libération n’est pas innée, je vous ai dit que nous en sommes au début du chemin. Nous devons aussi faire évoluer le management, pour qui cette démarche de libération n’est pas toujours évidente. On travaille sur la posture de leader pour que le manager soit porteur de libération, qu’il permette à son équipe d’exprimer ses talents, qu’il soit d’abord là pour éveiller la confiance et accompagner la prise de décision de ses collaborateurs.
Vous pouvez illustrer le chemin parcouru ?
Elisa : Les collaborateurs ont décidé de faire un livre sur ce qu’ils vivent, avec des photos, des témoignages. Il sort début 2015. Ils ont choisi le titre : « Nous, libres et heureux ».
Retrouvez également notre article sur les journées organisées par la Happiness Team de la DRH KIABI.
Source de l’image à la Une : J.PS/JD