Les causes du mal-être au travail, selon Le Figaro
4 juillet 2013 JaimeLeLundi
Prévenir les risques RPS
Dans Le Figaro, en Novembre dernier, on s’interrogeait sur les causes du mal-être au travail. Pour l’occasion, le journal a invité Amélie Oudry, une psychologue du travail et spécialiste du stress. Elle y décrit les quatres facteurs qui entraînent des difficulté à travailler, à se développer, ou tout simplement à se sentir bien dans son espace de travail. La psychologue y décrit cinq risques auxquels peuvent être exposés les salariés :
- Pression psychologique, harcèlement moral sont des problèmes managériaux qui sont très souvent liés à une surcharge de travail. Il est de plus en plus fréquent qu’on demande trop à un employé, qui peut être contraint de réaliser plusieurs tâches en même temps, des choses qu’il n’a pas l’habitude de faire habituellement et qu’on lui impose. Aujourd’hui, qu’un employé fasse le remplacement – et donc le travail – d’un autre employé en plus de son travail initial est considéré comme banal. Du coup, l’employé se retrouve plus facilement dans l’instabilité, il ne sait pas – ou peu – ce qui l’attend. Cette situation accentue considérablement le risque de burn-out.
- La latitude de décision (ou l’infantilisation) est une sensation très mal vécue au quotidien par un employé. Plus le degré de leadership est haut, plus la frustration s’accroît. Par exemple, un cadre supérieur dont le poste lui donne une légitimité en tant que décisionnaire mais qui, en vérité, n’est qu’un exécutant, au service d’un supérieur hiérarchique. La norme managériale en France est encore à l’infantilisation des employés, auxquels on fait peu confiance et à qui on ne laisse que peu d’autonomie dans ses décisions. Dans ces conditions, il est évidemment difficile pour les employés de s’épanouir professionnellement…
- La condition environnementale est également une principale cause du mal-être au bureau, qui s’accroît en même temps que les grands espaces de travail ouverts (les open space) deviennent la norme. En même temps que cela tue l’intimité (*) de l’employé, cette condition environnementale implique également une multitude d’éléments quotidiens qui peuvent vite devenir insupportables: pollution sonore qui nuit à la concentration ; sonneries de téléphone, bribes de conversations… Même si – dans le meilleur des cas – l’ambiance entre les salariés est excellente, cela ne peut empêcher des tensions. Les métiers où la concurrence règne associés à l’open space ne font par exemple pas bon ménage…
- Le manque de reconnaissance au travail est largement mal vécu par les employés. Dans nos entreprises, la norme n’est pas à féliciter tel ou tel travailleur pour un oui ou pour un non. Dans cette même optique, les employés se sentent souvent peu écoutés, délaissés par leur(s) supérieur(s) qui ne leur accorde que trop peu d’attention. Cette tendance est la parfaite représentation d’une mauvaise pente du management: un manager qui n’écoute pas, hermétique aux remarques des membres de son équipe, qui se posent sans cesse des questions sur leur utilité, sur leur place réelle dans l’entreprise… Sans reconnaissance, l’employé est en quête constante de sens.
- Les problèmes de communication peuvent prendre différentes formes et devenir des problèmes d’ampleur. Il y a d’une part la communication verbale entre les employés, qui peut être tendue par les conditions environnementales… La violence verbale peut devenir un élément très perturbateur. Ensuite, il y a aussi la communication interne, et la circulation des informations. Dès lors que tel employé n’a pas eu l’information pour des raisons qu’il ignore, cela crée un climat de suspicion, qui entrave la paix sociale dans l’entreprise. Rien de pire en effet, quand tout le monde – sauf soi-même – est au courant. Un simple oubli d’ajout de destinataire dans un e-mail peut alors prendre une tournure catastrophique
(*) L’Intimité au travail de Stefana Broadbent (éditions Fyp)
(Article tiré largement du Figaro)