Yann De Feraudy : « Transcrire les valeurs d’entreprise dans le quotidien »

Yann De Feraudy : « Transcrire les valeurs d’entreprise dans le quotidien »
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Nous poursuivons notre série de témoignages sur la Qualité de Vie au Travail avec celui de Yann De Feraudy, directeur des opérations chez Yves Rocher, à l’origine d’un livret du bien-vivre ensemble dans son entreprise. Entretien.

Bonjour Yann. Vous avez créé le « livret du bien-vivre ensemble ».

Oui, nous étions alors en 2004 et Bris Rocher venait de définir et diffuser les valeurs du Groupe (Yves Rocher). Ces valeurs définissaient (et définissent toujours d’ailleurs) les principes orientant nos actions, ce qui nous rassemble, la vision que nous partageons et l’esprit qui nous anime. Pour que celles-ci puissent se vivre au quotidien, j’ai alors ressenti le besoin de les traduire dans un référentiel commun pragmatique qui permette à chacun des managers de la Division d’être au clair : « Si j’agis comme ci, si je me comporte comme ça, je fais avancer l’équipe, je participe au développement du ‘bien-vivre ensemble’». La dimension collective est majeure.

 

Vous vous êtes alors lancés…

Nous avons fait un travail de fond, sans rien inventer d’extraordinaire. Pour construire notre référentiel, nous avons raisonné en termes simples : « Qu’est-ce-qui fait du bien ? » et «Qu’est-ce-qui fait du mal ? ». Par exemple, recevoir un mail infamant avec la terre entière en copie est extrêmement destructeur, peut déstabiliser une personne pendant un bon moment et lui faire totalement perdre confiance en elle-même. In fine, pour l’entreprise, c’est une inhibition du collaborateur et donc une perte sèche de productivité…

De nombreuses personnes nous disent aujourd’hui : « Ce que vous dites est évident ! »… Oui, c’est évident, mais combien de fois par jour sommes-nous en écart par rapport aux comportements que nous cherchons à promouvoir ! Nous avons d’ailleurs pour habitude de dire « qu’un escalier se balaie par le haut », ce qui signifie que le top management doit être exemplaire sur le respect de ces règles. Et nous vérifions chaque jour combien c’est difficile.

 

Le « bien-vivre ensemble », c’est une liste de règles ?

C’est avant tout un état d’esprit que nous voulons voir régner au sein des équipes. Mais un état d’esprit ne se décrète pas et il a fallu nous « équiper » non seulement de règles (de bon sens), mais aussi de droits et d’interdits, un mot qui ne va pas forcément de soi.

Nous avons retenu 3 droits : le droit de remontrance (aller voir la personne avec qui « ça bloque »), le droit de recours (faire appel à un arbitrage par le n+2, le RH…) et le droit à l’erreur (qui n’est pas sanctionnée lorsqu’elle est annoncée). Vous voyez, ce sont des principes très simples. Ces droits sont destinés à renforcer le bien commun, en protégeant de l’injustice par exemple. Ils sont vertueux dans la mesure où ils aident chacun à corriger ses erreurs de manière constructive mais aussi à oser dire. Ces droits responsabilisent la personne. Si son chef sort du cadre du bien-vivre, le collaborateur a le droit de le lui dire.

Les interdits, ce sont les attitudes à éviter impérativement. Il y en a 5 chez nous, elles commencent toutes par « ne pas ». Elles freinent la tendance à manipuler, à mettre quelqu’un en porte-à-faux, ou à jouer perso. Les interdits sont explicites, par exemple : « ne pas dénigrer un collègue devant un tiers » est le garde-fou qui permet d’éviter les bruits de couloir, les critiques faciles, etc.

Tout ceci vise à donner à chacun un « intérêt à bien faire », qui est le terreau où les comportements positifs et constructifs pourront s’épanouir.

 

Les résultats sont-ils à la hauteur de vos attentes ?

Depuis 2004, nous avons fait du chemin et tous les managers ont été formés au cours d’un module de 2 jours. C’est un véritable investissement, pas seulement une information. Chacun prend le temps de découvrir pour lui et ses équipes, de comprendre le sens de ces règles et le bénéfice de travailler pour le bien-commun.

Les comportements évoluent progressivement, ce qui ressort aujourd’hui c’est d’abord un « état d’esprit de bienveillance et d’humilité » qui préside à chacune de nos actions… Rien n’est jamais gagné en la matière et nous devons, sans nous décourager, poursuivre malgré les écarts, les échecs, les tensions du business et les contradictions de la vie quotidienne.

Ces règles, ces droits et ces interdits sont aujourd’hui totalement naturels. Ils imprègnent nos modes de fonctionnement et nous ont permis de gagner en efficacité, en fluidité et en « bien être au travail » par des rapports sains et constructifs et en apprenant à travailler ensemble à la résolution des difficultés. Nous ne pourrions plus faire sans.

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A propos de l'auteur

Thierry Bourgeon http://www.symbiosis-consultants.net/
Thierry BOURGEON s’est retrouvé presque par hasard à travailler en entreprise. Son rêve était d’être photographe : observer, créer, faire plaisir aussi. Ce sont ces moteurs qui le font agir aujourd’hui dans son métier de consultant. Après HEC, loin d’être dans les starting-blocks pour suivre une voie royale dans une grande entreprise, il s’immerge dans l’étude du chinois, puis part deux ans dans le Pacifique « faire son service ». Il en garde un goût pour la découverte d’autres cultures. En 1977, Il trouve sa voie professionnelle dans un cabinet de consultants qui pratique la créativité à haute dose alliée à la rigueur et à l’exigence. Depuis cette découverte, il invente de nouvelles manières de former, de faire un diagnostic, de donner envie à une équipe et une entreprise de se transformer, de construire. Il crée SYMBIOSIS-Consultants en 1986, avec la volonté de conjuguer créativité, plaisir au travail, rigueur. Progressivement, aidé de l’arrivée de deux associés, il développe une vision : aider les collaborateurs à « être bien dans leurs baskets », à l’aise dans la pratique de leur métier, dans leur équipe, leur entreprise. On n’est pas loin de la qualité de vie au travail ! Ce qui le fait courir, c’est sa foi en l’homme, sa foi en Dieu.

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